Pour ce
soir, je viens partager mes dernières expériences qui peuvent se résumer avec cette
parole de Jésus lui-même, lorsqu'il annonce les persécutions auxquelles les disciples
et l'Eglise auront à faire face : "Le disciple n'est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. Au disciple, il suffit
d'être comme son maître et au serviteur d'être comme son seigneur." (Mt
10,24-25a). Pas de panique, je n'ai pas été lynché sur la place publique mais,
sur cette Terre Sainte, le Seigneur m'a permis de vivre à une moindre mesure ce
que lui-même a pu vivre.
Entrée de l'église de la Nativité |
Je vais
surtout parler de mon après-midi à Béthléem… Voulant prendre du temps pour
prier dans l'église de la Nativité, près du lieu où la naissance de Jésus a été
fixée, je me rends à pied dans cette ville où de nombreux musulmans sortaient
des mosquées et essayaient de passer le checkpoint. De nombreux policiers
étaient présents. J'arrive à l'église de Nativité qui était quasi vide, ce qui
était assez surprenant. Toutes les conditions étaient favorables pour que je
puisse prendre du temps pour prier. Je demande au moine orthodoxe présent si je
pouvais rester un temps, ce à quoi il m'a répondu : "non", sans rien
d'autre. "[Marie] accoucha de son premier-né, l'emmaillota et le déposa dans
une mangeoire parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle
d'hôtes" (Lc 2,7). Aujourd'hui, même si le lieu est vide, ce sont les
pèlerins qui sont invités à passer rapidement et à trouver d'autres lieux pour
prendre le temps de prier. Le Seigneur est bon car j'ai pu trouver une petite
chapelle tout à fait calme…
En guise de transition, une image de Jésus nouveau-né, Marie et Joseph ne pouvant aller se faire recenser à Jérusalem, bloqué par le mur de division entre Bethléem et Jérusalem.
De retour,
je voulais passer le checkpoint comme les Palestiniens le font chaque jour.
Qu'est-ce qu'un checkpoint ? Bethléem est une ville peuplée par des
palestiniens, en majorité musulmans. Pour rejoindre Jérusalem, territoire
israélien, ils doivent passer par des points de contrôles à la fois pour voir
s'ils ont les permissions nécessaires pour passer le mur (double contrôle) et
contrôler le contenu de leurs sacs, tout cela pour des raisons de sécurité.
Nous étions une soixantaine à passer le checkpoint 300 tassés pour essayer de
passer le premier portique où une jeune soldate (18 ans) prenait le temps pour
contrôler les documents. Les esprits s'échauffaient : des enfants pleuraient,
des femmes criaient, des hommes étaient à deux doigts de se battre. Pour
essayer de calmer les esprits, la jeune femme bloquait le portique dès que des
cris se faisaient entendre, c'est-à-dire toutes les trente secondes. Je
retiendrai le regard de ces hommes, ces femmes, ces enfants, à la fois agacé et
résolu de passer ce checkpoint, à la fois surpris de voir un étranger passer
avec eux (par curiosité… ont-ils pu penser…) et bienveillant. Je me suis en
effet retrouvé rapidement devant tout le monde, me laissant passer petit à
petit très discrètement. Le nombre de personnes refoulées était important et le
deuxième contrôle voyait à nouveau des personnes refusées de passer. "En
vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus
petits, qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait." (Mt 25,40)
Lorsqu'on est en séjour ou en
pèlerinage en Terre Sainte, on cherche à voir les lieux où Jésus est passé pour
appréhender d'une manière différente notre lecture des évangiles et de la Bible
en général. Pouvoir vivre un peu ce que lui a vécu (naissance et rejet par ses
frères) est une expérience inattendue mais riche. Merci Seigneur pour tout ce
que tu nous permets de vivre et qui renforce notre foi, notre sens du prochain
et de l'amour de tous.
Pour terminer, voici une photo de Notre-Dame qui fait tomber les murs, icône peinte sur le mur entre Bethléem et
Jérusalem, non loin du checkpoint 300, en face du monastère de l'Emmanuel. Sur
cette icône, Marie pleure de voir ses enfants se diviser. Vierge Marie, viens
abattre les murs de nos cœurs pour bâtir ensemble la paix et l'unité.
Je termine avec cette petite
phrase de Mgr Lustiger, dans le jardin qui lui est dédié au monastère d'Abu-Gosh
où nous étions ce matin. La Terre Sainte compte sur nos prières.
Merci Nicolas. A la recherche de prière et de calme, on est au milieu d'un situation politique tendue et parfois meurtrière. Tu imagines bien que je n'ai pas une mariologie très développée, pourtant je dirai que je suis une chrétienne qui croit comme Marie dans son magnificat. Quand je vais aux vêpres catholiques au monastère cela me fait toujours sourire de chanter le chant de Marie avec des hommes moines - par sourire je devrais préciser, je trouve cela touchant. J'aime que ton article commence avec le désir de prière personnelle et termine avec une invitation à la prière pour la terre d'Israël.
RépondreSupprimerPar ailleurs je ne sais pas si tu connais le programme EAPPI du COE. Il y avait des accompagnateurs qui venaient d'arriver à Bethléem quand j'y étais - ils sont souvent basés à l'Église luthérienne. Plus d'infos en français ici http://www.defap.fr/etre-envoye/eappi