Les discussions que la vie commune à
Tantur permet au quotidien me font mieux prendre conscience de l'un
des défis de l’œcuménisme. C'est un défi qui ne lui est pas propre, mais que l'on retrouve dans toute discussion touchant
à l'intimité de la vie de chacun, à ce qui lui est cher:
Comment tenir compte, dans une discussion, un débat, une disputatio à caractère théologique
– qui ne devrait donc selon moi que s'appuyer sur des arguments
théologiques rationnels et positifs – de notre histoire propre, de
notre psychologie et de nos passions? A chaque question, on peut être
certain que l'on part avec des idées, des préjugés et des
sentiments fortement ancrés en nous, qui nous poussent dans un sens
ou dans un autre avant même que l'on ait eu l'occasion de faire
usage de sa raison.
Je pose la question, et c'est bien
comme cela qu'il faut la recevoir : je n'ai pas la réponse.
D'un côté j'ai l'intuition qu'un débat théologique doit s'en
tenir à des arguments rationnels positifs et objectifs, et en même temps, cela me semble une chimère et une utopie que de ne courir que
derrière cela sans tenir compte du réel qui nous façonne.
Quelqu'un pourrait-il m'éclairer ?
Cédric de La Serre
Cher Cédric, merci pour cette question. Je ne vais tenter une réponse mais quelque part vous en avez une partie de la réponse dans cette belle phrase "j'ai l'intuition qu'un débat théologique doit s'en tenir à des arguments rationnels". J'avoue je ne crois pas à la rationnalité - la colère, la passion, la spiritualité, la foi, l'amitié, la recherche, la dépression, l'exultation, la confiance, l'eucharistie, la parole. Ces choses sont-elle ratoinnelles?
RépondreSupprimerHier soir j'ai lu, ou peut être relu, des extraits de Hannah Arendt Sur la violence, en particulier la partie sur la violence des bureaucraties. En théologie confessionnelle et inter-confessionnelle il faut utiliser sa raison pour expliciter ses propos, mais clamer la rationnalité peut parfois ressembler à une violence impersonnelle. Mais il est clair que de temps en temps on veut aussi pouvoir dire à ceux qui nous semblent être dans les sentiments "prenez de la distance par rapport à votre expérience. "
Je pense que des réponses pourraient se trouver autour de ce qu'on appelle un oecuménisme de processus. Je vais pas m'étendre dans un commentaire, mais une chose est sure - à votre retour je vous donnerai à chacun(e) un exemplaire de "bien vivre la rencontre avec d'autres chrétiens. http://12jalons.blogspot.fr/p/home.html
Allez, je suis supposée être en vacances, ce message vous vient du département de l'Ain, juste à côté de Genève.
Amitiés
jane
Voilà aussi Maria Popova sur Hannah Arendt http://www.brainpickings.org/2013/10/14/hannah-arendt-on-bureaucracy-and-violence/?utm_content=buffer0aeb3&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer
RépondreSupprimerFinalement je pense que nous sommes appelés à des théologies incarnées plus que rationnelles, à vivre et à bien vivre, les exigences de la tradition, la parole et ce que nous sommes avec nos limites, sous le signe de la gràce de Dieu.