Hier
soir, au terme de notre première journée d'étude et de découverte
de Jérusalem, notre groupe a entrepris un tour de table pour
permettre à chacun de ses membres se présenter et de dire quelque
chose de son parcours de foi ou des raisons qui l'ont conduit
jusqu'en Terre Sainte cet été. Ce tour de table m'a touché et
interpellé sur trois points que je voudrais partager:
-
D'abord, la majorité des membres du groupe est américaine, et, mis
à part le fameux quartet français envoyé par l'association pour l'unité des chrétiens, tous sont anglophones. Mais les états de
vie sont très divers : laïcs, prêtres/prêtresse, religieuse,
célibataires, mariés, jeunes et vieux... De même, les confessions
sont diverses : Je note une petite moitié de catholiques et un
grand mélange de protestants, dont je n'ai pas toujours encore bien
saisi les spécificités. Dans ce petit monde, il m'est émouvant de
voir la liberté que se donne le Seigneur dans les façons qu'il a
d'interpeller les personnes, de les toucher, de les conduire :
Notre groupe d'une douzaine de membres est vraiment riche d'une
grande diversité, et, au vu de ce que l'on a échangé hier, il ne
m'est pas possible de dire que l'esprit souffle plus ou moins fort
ici ou là.
- Le
second point qui m'a interpellé est que notre manière d'exprimer
notre relation au Christ est vraiment différente. Tous, nous sommes
des chrétiens convaincus et des cadres ou futurs cadres d'églises.
Et pourtant, notre façon de parler de notre relation au Christ est
chaque fois nouvelle et unique : en donnant les grandes lignes
de leur parcours de foi, certains commencent par mentionner leur
rencontre avec Jésus, dont ils parlent comme d'une relation
amoureuse. D'autres, au contraire, ne prononcent même pas le nom de
Jésus-Christ, sans que l'on puisse pour autant les soupçonner de ne
pas avoir de relation avec Lui. Probablement l'intimité de la
question ne met elle pas tout le monde à l'aise, et il est normal de
rester pudique en ne forçant pas la main. Mais en parlant de cela
avec l'un ou l'autre, j'ai aussi pris conscience que toutes les
confessions n'accordent pas la même centralité à l'annonce de
Jésus-Christ et de son importance dans la vie de chacun. Pour
reprendre une catégorisation que l'on aime bien chez les
catholiques, il y a ceux qui sont franchement plus levure dans la
pâte et ceux qui sont carrément lumière sur le boisseau.
-
Enfin, une question, disons-même un petit malaise m'est apparu
durant ce tour de table : certains racontaient, avec beaucoup de
facilité, le changement de confession qu'ils avaient vécu durant
leur vie. Pas tellement en raison d'une sorte de conversion qui leur
aurait donné de comprendre que la confession d'à côté aurait été
plus fidèle ou plus proche du Christ, mais pour des raisons de
convenance personnelle, d’intérêt propre. S'il semble que
l'approche protestante de la ''structure-Église'' soit très libre
et souple (la multiplication des Églises en étant un signe), pour
un catholique, c'est vraiment source de malaise : d'une part
parce qu'il voit dans l’Église et sa structure – même
éventuellement parfois pesante – quelque chose de l'héritage du
Christ auquel il faut être fidèle si l'on veut Lui être fidèle,
mais aussi parce que cela pose question sur la foi : à quoi
croit-on vraiment quand on peut papillonner d'un groupe à l'autre
uniquement parce que notre supérieur ne nous plaît pas ? Si je
pourrais comprendre ce comportement de la part d'un paroissien à la
foi peu enracinée et cherchant avant tout dans la pratique
religieuse que « cela fasse du bien » et qu'il éprouve
des sentiments positifs, de la part d'un cadre d'église, cela me
laisse très dubitatif : ces sentiments superficiels et
subjectifs devraient selon moi laisser la place - ou au moins être
ordonnés - à la volonté de se donner au Christ, de le suivre et de
chercher à faire sa volonté.
Voilà
trois réflexions qui sont nées hier soir de la prise de
connaissance des uns et des autres. Manifestement, ce séjour
s'annonce très riche pour peu que l'on accepte de se laisser
déplacer, ce qui n'est jamais confortable mais permet généralement
d'en sortir grandi.
Cédric
de La Serre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire