« Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons
vu sa gloire, cette gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il
tient du Père. » Jn. 1,14
Si, après un mois
de séjour dans ce pays, je devais dresser un bilan de ce que j’ai appris, je ne
saurais par où commencer. Certains textes bibliques m’ont semblé s’éclaircir
par les paysages traversés comme le verset qui nous parle du désert qui fleurit :
« Que le désert et la terre aride se réjouissent! Que la steppe soit dans
l'allégresse et fleurisse comme le narcisse; qu'elle fleurisse et s'épanouisse
; qu'elle tressaille d'allégresse et pousse des cris de joie ! » (Es.
35,1-2a) Le désert de Judée peut en
effet être submergé par les eaux car il est en contrebas de Jérusalem et, en
automne, l’eau de la pluie s’écoule sur ses flancs.
D’autres passages
ont gardé leur hermétisme, du fait des controverses d’ordre politique qui agitent
l’archéologie dans ce pays. Comment savoir si l’empire de Salomon avait bien
les frontières que le texte lui donne, si une déclaration dans un sens ou dans
l’autre a des conséquences politiques majeures dans un pays où le passé semble
toujours être conjugué au présent?
Il me semblait, avant de venir, que j’allais confronter le texte biblique à la réalité du
terrain. Je me rends compte maintenant combien cette entreprise est illusoire
et combien la réalité du terrain dépend des mots que nous y posons, de nos
perceptions, de notre regard…
Il n’y a pas la
Bible d’une part et la réalité d’une autre, il y a un entrelacs de relations
qui s’entremêlent au point que les deux, réalité et Bible, apparaissent
inextricables.
Dans ce pays,
deux livres s’offrent à nous : le livre en terre, forme par les paysages devant
nous, un livre fait de vestiges, de traces, d’éphémère et de pierres, et le
livre fait de mots, de rêves, de confiance et de doutes que constitue la Bible.
Ces deux livres ne
sont peut-être que deux versants d’une même soif, la soif d’entrer en relation
avec ce qui nous dépasse, avec ce qui nous fonde, avec ce qui nous aide à vivre
aujourd’hui alors même que la source remonte à plusieurs milliers d’années.
Une source qui,
jamais tarie, se retrouve à la fois dans la matière et dans les mots, dans nos prières
et dans la terre habitée, dans l’épaisseur de la réalité et dans la légèreté du
saut de la foi.
La Parole de Dieu
est venue habiter parmi nous, et comme le rappelle le pape François dans son
encyclique sur l’écologie : «Même les fleurs des champs et les oiseaux qu’émerveillé
Jésus a contemplés de ses yeux humains sont maintenant remplis de sa présence
lumineuse »[1].
Helena Vicario
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