vendredi 24 juillet 2015

Entre ciel et terre...

« Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, cette gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père. » Jn. 1,14

Si, après un mois de séjour dans ce pays, je devais dresser un bilan de ce que j’ai appris, je ne saurais par où commencer. Certains textes bibliques m’ont semblé s’éclaircir par les paysages traversés comme le verset qui nous parle du désert qui fleurit : « Que le désert et la terre aride se réjouissent! Que la steppe soit dans l'allégresse et fleurisse comme le narcisse; qu'elle fleurisse et s'épanouisse ; qu'elle tressaille d'allégresse et pousse des cris de joie ! » (Es. 35,1-2a)  Le désert de Judée peut en effet être submergé par les eaux car il est en contrebas de Jérusalem et, en automne, l’eau de la pluie s’écoule sur ses flancs.

D’autres passages ont gardé leur hermétisme, du fait des controverses d’ordre politique qui agitent l’archéologie dans ce pays. Comment savoir si l’empire de Salomon avait bien les frontières que le texte lui donne, si une déclaration dans un sens ou dans l’autre a des conséquences politiques majeures dans un pays où le passé semble toujours être conjugué au présent?

Il me semblait, avant de venir, que j’allais confronter le texte biblique à la réalité du terrain. Je me rends compte maintenant combien cette entreprise est illusoire et combien la réalité du terrain dépend des mots que nous y posons, de nos perceptions, de notre regard…

Il n’y a pas la Bible d’une part et la réalité d’une autre, il y a un entrelacs de relations qui s’entremêlent au point que les deux, réalité et Bible, apparaissent inextricables.

Dans ce pays, deux livres s’offrent à nous : le livre en terre, forme par les paysages devant nous, un livre fait de vestiges, de traces, d’éphémère et de pierres, et le livre fait de mots, de rêves, de confiance et de doutes que constitue la Bible.

Ces deux livres ne sont peut-être que deux versants d’une même soif, la soif d’entrer en relation avec ce qui nous dépasse, avec ce qui nous fonde, avec ce qui nous aide à vivre aujourd’hui alors même que la source remonte à plusieurs milliers d’années.

Une source qui, jamais tarie, se retrouve à la fois dans la matière et dans les mots, dans nos prières et dans la terre habitée, dans l’épaisseur de la réalité et dans la légèreté du saut de la foi.

La Parole de Dieu est venue habiter parmi nous, et comme le rappelle le pape François dans son encyclique sur l’écologie : «Même les fleurs des champs et les oiseaux qu’émerveillé Jésus a contemplés de ses yeux humains sont maintenant remplis de sa présence lumineuse »[1].

Helena Vicario



[1] Pape François “Loué sois-tu” Paris, Editions de l’Emmanuel, 2015 p. 53.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire