Le Seigneur est grand ! Les circonstances ont fait que j'ai pu rencontrer ce matin un moine franciscain qui habite la Terre Sainte depuis 23 ans et qui a des responsabilités au sein du Saint Sépulcre, ce qui m'a permis de préciser et d'inculturer mes pensées d'hier qui m'ont paru dures après coup (Au pied du mur… une histoire d'échelle du 7 juillet).
Le Saint Sépulcre
n'est pas un lieu de balagan (bazar, chaos en hébreu) mais un véritable lieu où
l'œcuménisme est vécu depuis plus de 450 ans. Je m'explique… En tant que Chrétien
occidental, je vois avec mes yeux d'occidental pour qui, tout doit être organisé,
régulé et pourtant, dans un contexte oriental, la répartition des tâches et des
lieux au Saint Sépulcre ainsi que les différents offices ayant lieu en même
temps ne sont pas un statu quo ou un
pis aller mais permettent véritablement d'avoir un lieu où des chrétiens de
traditions très diverses prient en permanence. Ceci n'est pas une relecture ou
une tentative de justification mais cela a bel et bien été voulu même si cela
donne, pour mes yeux d'Occidental, l'impression d'un bazar monumental.
Il semble, en effet, que, le
dimanche matin, les messes se chevauchent et qu'il y a un concours de qui va
déranger le plus l'autre. Eh bien, non ! Tout est minutieusement organisé pour
éviter de gêner les autres et pour permettre à tous les pèlerins de prier dans
leurs propres langues et traditions. Telle messe commence lorsque telle autre
est presque finie avec un parfait accord entre les deux, non pas dans un sens
de moindre mal mais véritablement dans une volonté d'avoir une prière continue.
Les cloches de telle messe catholique sonnent lorsque telle autre tradition
commence à chanter le magnificat. Les franciscains ont décalé certains offices
de nuit pour pouvoir prier simultanément avec nos frères coptes, chacun dans sa
propre manière de faire mais pour louer le Seigneur simultanément. J'ai pu
vérifier cela par moi-même cet après-midi au moment des vêpres à 14h : deux
moines de traditions différentes (copte et syriaque) viennent encenser le Saint
Sépulcre simultanément mais chacun leur tour, dans un ballet nous faisant
entrer dans le mystère de la Résurrection et d'une unité dans la diversité et
non dans l'uniformité. Certes, ils prient chacun dans leur propre tradition
mais vénèrent de la même façon le Saint Sépulcre simultanément. Et si l'œcuménisme
était aimer l'autre dans ses vérités non pas avec ou malgré ses différences
mais arriver à articuler nos différentes traditions pour, chacun à notre
manière, adorer Dieu et mettre le Christ au centre de tout. Ce qui facilité
cela au Saint Sépulcre est que les différentes traditions ont une même foi et
les mêmes sacrements ainsi que le fait d'être dans une culture orientale. Les
Apôtres avaient d'ailleurs chacun leurs propres manières de faire et n'étaient
pas uniformes malgré leurs années communes passées auprès du Christ.
La semaine
de prière pour l'unité des Chrétiens est un excellent effort mais il me semble
que trop souvent, nous nous contentons de cela et pourtant, ce n'est qu'un minimum.
Et si nous essayions d'être plus ambitieux?
Nicolas
J'ai bien compris tes états d'âme concernant l'échelle Nicolas. Pendant le temps de carême il y a une autre échelle dans la partie orthodoxe du saint sépulcre qui est là seulement parce que l'autre confession a ce droit depuis très longtemps - cela m'a outré plus qu'un peu. Cela m'a fait alors plaisir de lire cet article qui va plus dans la profondeur du partage spirituel du lieu, et de la prière incessante. Merci, ta façon de revenir sur tes propres pas m'a rappelé que j'ai aussi besoin de faire cela, et de ne pas rester avec mes jugements primaires.
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