Hasard ou Providence ? La
liturgie de la messe nous proposait avant-hier et nous propose à nouveau
aujourd'hui deux versions d'un même événement : la mère et les frères de Jésus
le cherchent et il répond : "Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ?"
(Mt 12,46-50 et Mc 3,31-35), comme si Dieu voulait renforcer ce que nous venons
de vivre.
Nous revenons de deux jours en
Cisjordanie, territoire palestinien (où des musulmans en très grande majorité vivent
en paix avec une faible minorité chrétienne) sous contrôle israélien pour la plupart. Des visites avec quelques
liens bibliques mais surtout de nombreuses rencontres avec des Palestiniens :
prêtres gréco-orthodoxe, arabe épiscopalien, melkite, un guide palestinien
chrétien, une jeune comptable d'une société de commerce équitable (http://www.canaanfairtrade.com/) et
tant de visages croisés.
Première surprise pour moi : nous
avons passé la majeure parte de la journée d'hier et la nuit à Naplouse. J'ai
été surpris par mon sentiment de sécurité (plus fort qu'ailleurs) dans les rues
de cette ville sous autorité palestinienne et où nous pouvons lire à l'entrée
un panneau mis par les Israéliens indiquant : "L'entrée pour les citoyens
israéliens est interdite, dangereuse pour vos vies et est contraire à la loi
israélienne".
Deuxième surprise : Helena et moi
sommes allés découvrir la ville hier en fin d'après-midi pour en prendre le
pouls. Nous avions à peine fait vingt mètres qu'une personne nous sourit et
nous dit en anglais : "Bonjour, bienvenue en Palestine". Ce n'était
que le premier d'une série de quinze ou vingt personnes ! Chrétien (minorité
très faible) ou musulman ? Peu importe mais le sentiment d'être attendu et
d'être accueilli, contrairement à beaucoup d'autres (toutes ?) villes où nous
sommes passés et nous ressemblions plus à un billet de banque ambulant qu'à autre
chose.
Rencontre de ce matin : Le prêtre
melkite à Zababdeh nous indiquait qu'aujourd'hui, par notre visite, il avait
l'impression de ne plus être le frère oublié mais le frère bien-aimé. Qui sont
mes frères ? Les Juifs sont pourtant nos aînés dans la foi, les plus proches
avec qui nous partageons l'Ancien Testament, et pourtant je me sens si éloigné
d'eux… La richesse du Christianisme est que, par amour, Jésus a fait de chacun
d'entre nous ses frères. Nous sommes donc tous des frères et pas seulement avec
les plus proches mais aussi avec nos frères au loin (géographiquement et de
foi). Ce prêtre ajoutait ce matin que nous devions salir nos mains à construire
ces ponts par-dessus les murs pour montrer que l'amitié et l'amour étaient plus
forts que la haine et la séparation.
Dans les Evangiles, la réponse de
Jésus est que tous ceux qui font la volonté du Père qui est dans les Cieux est
un frère, une sœur, une mère. C'est-à-dire tous ceux dont la charité en paroles
et en actes permet de rapprocher ceux qu'ils rencontrent de Dieu : un sourire,
une parole d'accueil pendant ces deux jours m'ont rappelé la bonté et l'Amour
inconditionnel de Dieu pour chacun. Dans ce séjour, je suis donc surpris de
voir ceux qui, en Terre Sainte, sont pour moi "mon frère, ma sœur, ma
mère"…
Nicolas
Au premier plan, église melkite de Zababdeh et, juste derrière, le minaret d'une mosquée. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire