dimanche 12 juillet 2015

Quelle unité?

Le séjour que nous effectuons à Jérusalem n'est possible que grâce à l'association pour l'unité des chrétiens, parce c'est un séjour marqué par une forte dimension œcuménique et que l'association cherche justement à promouvoir des liens, des rapprochements, bref l'unité, entre les confessions chrétiennes. C'est cela qui m'a séduit dans le projet, et m'a poussé à me porter candidat : parce que je prend au sérieux tout l'enseignement du Christ. Je ne peux ainsi pas ignorer ce qui constitue une partie de son 'testament', dans l'évangile selon St Jean, son dernier grand discours, dans lequel il conclue par une prière : « Père saint, garde-les en ton nom que tu m'as donné, pour qu'ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17, 11). Cette volonté du Christ, volonté que je vois déchirée par l'existence d'une multitude de confessions et dénominations chrétiennes, me pousse à chercher moi aussi à participer au rétablissement de cette unité.

J'ai eu du mal à trouver une image pour illustrer mon propos. En fouillant sur Google, c'est finalement celle-ci que j'ai retenue. D'une part parce qu'elle vient d'un site Protestant (en l’occurrence celui de l'Eglise protestante unie) et qu'en affirmant m'y retrouver je pose un acte d'œcuménisme, mais aussi parce que ce dessin montre bien que l'Esprit-Saint est libre et souffle où il veut; aucune confession ne peut prétendre le retenir ou le posséder seule. La seule limite que je vois à ce dessin est qu'il ne montre pas que la barque est celle de Pierre ;-)
Les dix premiers jours du séjour, les rencontres et quelques lectures m'ont interpellés sur la forme d'unité que l'on recherche : qu'est-ce qu'être « un comme nous sommes un » ? J'ai l'impression, certes un peu floue, que la définition de l'unité n'est pas la même dans chaque dénomination. Autrement dit, que le but poursuivi par le dialogue œcuménique ne vise pas à la même fin selon que l'on est catholique ou protestant. Ce serait pour le moins gênant : parle-t'on toujours de la même chose quand on dialogue ? N'y a t'il pas un malentendu de fond ? Vise-t'on la même fin ?


En particulier, il me semble que l'une des difficultés est plus d'ordre psychologique (ou bien sémantique) que théologique : Naturellement, intuitivement, on cherche à établir ad-extra une forme d'unité similaire à ce que l'on vit ad-intra. C'est-à-dire que selon le mode d'exercice de l'unité que l'on vit dans sa confession, on imagine a-priori que l'unité de toutes les confessions se construira par une forme d'extrapolation. Or, en fait, rien ne dit cela : Si le Christ nous appelle à l'unité – une unité vraie, réelle, profonde, 'parfaite' -, il ne nous dit pas quelle forme celle-ci doit prendre et rien n'oblige à ce qu'elle soit univoque et monochrome. Mais alors, quelle est-elle cette unité ?

Cédric de La Serre

1 commentaire:

  1. Cher Cédric, grand merci d'avoir écrit ceci. Vous pointez des questions qui sont au cœur du dialogue œcuménique et qui ne sont pas faciles. Parfois nous n'arrivons même pas à dire comment nous envisageons cette unité. Nous la disons comme une évidence, peut être trop facilement pour montrer que nous sommes du "clan oecuménique", mais concrètement, réellement nous avons du mal à proposer des choses qui ne viennent pas de nos propres structures. J'ajouterais qu'une des questions qui se posent est comment récolter les fruits de nos dialogues bilatéraux et multilatéraux - mais aussi de façon à faire sens pour les parties du monde où le christianisme est en pleine expansion? En Chine par exemple les chrétiens catholiques et protestants ne portent pas le même nom.
    J'aime l'image de la barque avec des voiles différentes mais toutes remplies par le souffle de l'Esprit.
    merci de toute façon pour tout ce que vous écrivez, je n'arrive pas à laisser des commentaires partout, mais j'essaie de vous encourager! Avec mes amitiés

    Jane

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