Le séjour que nous
effectuons à Jérusalem n'est possible que grâce à l'association pour l'unité des chrétiens, parce c'est un séjour marqué par une
forte dimension œcuménique et que l'association cherche justement à
promouvoir des liens, des rapprochements, bref l'unité, entre les
confessions chrétiennes. C'est cela qui m'a séduit dans le projet,
et m'a poussé à me porter candidat : parce que je prend au sérieux
tout l'enseignement du Christ. Je ne peux ainsi pas ignorer ce qui
constitue une partie de son 'testament', dans l'évangile selon St
Jean, son dernier grand discours, dans lequel il conclue par une
prière : « Père saint, garde-les en ton nom que tu m'as
donné, pour qu'ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17,
11). Cette volonté du Christ, volonté que je vois déchirée par
l'existence d'une multitude de confessions et dénominations
chrétiennes, me pousse à chercher moi aussi à participer au
rétablissement de cette unité.
Les dix premiers jours du
séjour, les rencontres et quelques lectures m'ont interpellés sur
la forme d'unité que l'on recherche : qu'est-ce qu'être « un
comme nous sommes un » ? J'ai l'impression, certes un peu
floue, que la définition de l'unité n'est pas la même dans chaque
dénomination. Autrement dit, que le but poursuivi par le dialogue
œcuménique ne vise pas à la même fin selon que l'on est
catholique ou protestant. Ce serait pour le moins gênant : parle-t'on toujours de
la même chose quand on dialogue ? N'y a t'il pas un malentendu
de fond ? Vise-t'on la même fin ?
En particulier, il me
semble que l'une des difficultés est plus d'ordre psychologique (ou
bien sémantique) que théologique : Naturellement,
intuitivement, on cherche à établir ad-extra une forme
d'unité similaire à ce que l'on vit ad-intra. C'est-à-dire
que selon le mode d'exercice de l'unité que l'on vit dans sa
confession, on imagine a-priori que l'unité de toutes les
confessions se construira par une forme d'extrapolation. Or, en fait,
rien ne dit cela : Si le Christ nous appelle à l'unité – une
unité vraie, réelle, profonde, 'parfaite' -, il ne nous dit pas
quelle forme celle-ci doit prendre et rien n'oblige à ce qu'elle
soit univoque et monochrome. Mais alors, quelle est-elle cette
unité ?
Cédric de La Serre
Cher Cédric, grand merci d'avoir écrit ceci. Vous pointez des questions qui sont au cœur du dialogue œcuménique et qui ne sont pas faciles. Parfois nous n'arrivons même pas à dire comment nous envisageons cette unité. Nous la disons comme une évidence, peut être trop facilement pour montrer que nous sommes du "clan oecuménique", mais concrètement, réellement nous avons du mal à proposer des choses qui ne viennent pas de nos propres structures. J'ajouterais qu'une des questions qui se posent est comment récolter les fruits de nos dialogues bilatéraux et multilatéraux - mais aussi de façon à faire sens pour les parties du monde où le christianisme est en pleine expansion? En Chine par exemple les chrétiens catholiques et protestants ne portent pas le même nom.
RépondreSupprimerJ'aime l'image de la barque avec des voiles différentes mais toutes remplies par le souffle de l'Esprit.
merci de toute façon pour tout ce que vous écrivez, je n'arrive pas à laisser des commentaires partout, mais j'essaie de vous encourager! Avec mes amitiés
Jane