dimanche 26 juillet 2015

Wall Street (in Bethlehem)

L'article pourrait aussi s'appeler "S'ils se taisent, les pierres crieront" (Luc 19, 40)
L'Institut Tantur qui nous accueille est un endroit merveilleux, au sommet d'une colline et entouré d'un très agréable jardin, fleuri et ombragé. Une seule chose (outre l'absence de clim dans les chambres!) nous rappelle que ce n'est cependant pas le jardin d'Eden : la vue sur Bethlehem, à vol d'oiseau à environ 200 mètres. Depuis 2002, Bethlehem – qui se situe dans la grande banlieue de Jérusalem – est séparée de celle-ci par la « barrière de séparation israélienne », en cours de construction autour de toute la Cisjordanie et la bande de Gaza. Je mets des guillemets sur sa dénomination, parce que celle-ci ne fait pas l'unanimité: Israélien (ou partisan du projet), on pourrait aussi appeler cette construction « grillage de séparation », « zone de couture », « barrière anti-terroriste », « clôture de sécurité » ou encore « muraille de protection ». Et Palestinien (ou contestataire de ce projet) on dirait « mur de la honte », « mur d'annexion », « mur de l’apartheid », « mur de séparation raciale ».

Il est ainsi difficile de se situer.... D'un point de vue purement matériel, il est vrai qu'il est difficile d'appeler cette construction « mur », puisque seuls 5% des 730 km est effectivement un mur (en béton, généralement de huit mètres de haut), dans les zones urbaines. Le reste est une barrière constituée de différentes couches de grillages, barbelés et no man's land sur une largeur de 50 mètres (à moins que la topographie n'exige que cela soit plus large). La séparation fait environ 730 km, suivant un parcours compliqué: en gros elle suit (sur 20% de sa longueur) la ligne verte définie par les nations unies (qui fait environ 320 km), mais en certains endroits elle pénètre très largement à l'intérieur de la Cisjordanie, en particulier pour intégrer des colonies israéliennes, certains accès à l'eau et quelques terres agricoles. En tout cas, vu depuis Tantur, c'est bien un mur qui entoure Bethlehem.

Je ne souhaite pas ici discuter de la légitimité du mur, ce serait trop compliqué : je note seulement deux points complémentaires:
- L'objectif de faire baisser l'insécurité en Israël semble tout à fait atteint, puisque, par exemple, le nombre d'attentats a littéralement fondu. C'est donc un succès.
- Mais, après avoir pris acte de la position de la Cour Internationale de Justice (qui affirme : « L'édification du mur qu'Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l'intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, et le régime qui lui est associé, sont contraires au droit international »), l'Assemblée générale des Nations Unies a voté, en juillet 2004, une résolution exigeant d’Israël qu'il suive le droit international.

Plutôt qu'une analyse complexe des enjeux et effets de cette clôture de séparation (à but sécuritaire ou politique?) – ce que je ne saurais pas faire puisque tout ceci me dépasse tout à fait -, je vous propose de partager des photos que j'ai prises à Bethlehem, et qui disent quelque chose de la réalité vécue par les gens qui y habitent. Évidemment, ce ne sont que quelques clichés amateurs, pris, qui plus est, dans un périmètre restreint: Ils sont donc partiels et il ne faut donc pas leur donner plus de valeur que celle d'un témoignage.







Cette photo est dédicacée à Karine G.



Icone de "Notre-Dame qui fait tomber les murs" écrite sur le mur à l'endroit où il entoure le monastère de l'Emmanuel 

Cédric de La Serre

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