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vendredi 31 juillet 2015

Quelques actualités de Terre Sainte

L'actualité de la Terre Sainte raisonne ces jours-ci avec quelques uns des articles qui ont été posté sur ce blog au cours du mois dernier.

Aussi, peut-on suivre ce qui se passe:

- A propos de l'incendie du monastère de Tabgha, des suspects ont été inculpés:

- A propos des familles de Beit Jala qui risquent de se voir privées de leurs terres - leur moyen de subsistance - du fait du passage du mur en construction. Après plusieurs péripéties judiciaires et diplomatiques, la cour suprême a finalement autorisé la construction du mur, ce qui provoque à nouveau la mobilisation des futures victimes potentielles. Ces chrétiens demandent aux autres chrétiens du monde de se mobiliser et de faire savoir ce qu'ils subissent, ce que je fais donc!


- A propos des relations très tendues entre Arabes et Juifs israéliens dont nous avons été témoins, en particulier dans le centre-ville sur-réaliste et apocalyptique d'Hébron, un fait-divers tragique vient corroborer nos sentiments.

Cédric de La Serre

dimanche 26 juillet 2015

Wall Street (in Bethlehem)

L'article pourrait aussi s'appeler "S'ils se taisent, les pierres crieront" (Luc 19, 40)
L'Institut Tantur qui nous accueille est un endroit merveilleux, au sommet d'une colline et entouré d'un très agréable jardin, fleuri et ombragé. Une seule chose (outre l'absence de clim dans les chambres!) nous rappelle que ce n'est cependant pas le jardin d'Eden : la vue sur Bethlehem, à vol d'oiseau à environ 200 mètres. Depuis 2002, Bethlehem – qui se situe dans la grande banlieue de Jérusalem – est séparée de celle-ci par la « barrière de séparation israélienne », en cours de construction autour de toute la Cisjordanie et la bande de Gaza. Je mets des guillemets sur sa dénomination, parce que celle-ci ne fait pas l'unanimité: Israélien (ou partisan du projet), on pourrait aussi appeler cette construction « grillage de séparation », « zone de couture », « barrière anti-terroriste », « clôture de sécurité » ou encore « muraille de protection ». Et Palestinien (ou contestataire de ce projet) on dirait « mur de la honte », « mur d'annexion », « mur de l’apartheid », « mur de séparation raciale ».

Il est ainsi difficile de se situer.... D'un point de vue purement matériel, il est vrai qu'il est difficile d'appeler cette construction « mur », puisque seuls 5% des 730 km est effectivement un mur (en béton, généralement de huit mètres de haut), dans les zones urbaines. Le reste est une barrière constituée de différentes couches de grillages, barbelés et no man's land sur une largeur de 50 mètres (à moins que la topographie n'exige que cela soit plus large). La séparation fait environ 730 km, suivant un parcours compliqué: en gros elle suit (sur 20% de sa longueur) la ligne verte définie par les nations unies (qui fait environ 320 km), mais en certains endroits elle pénètre très largement à l'intérieur de la Cisjordanie, en particulier pour intégrer des colonies israéliennes, certains accès à l'eau et quelques terres agricoles. En tout cas, vu depuis Tantur, c'est bien un mur qui entoure Bethlehem.

Je ne souhaite pas ici discuter de la légitimité du mur, ce serait trop compliqué : je note seulement deux points complémentaires:
- L'objectif de faire baisser l'insécurité en Israël semble tout à fait atteint, puisque, par exemple, le nombre d'attentats a littéralement fondu. C'est donc un succès.
- Mais, après avoir pris acte de la position de la Cour Internationale de Justice (qui affirme : « L'édification du mur qu'Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l'intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, et le régime qui lui est associé, sont contraires au droit international »), l'Assemblée générale des Nations Unies a voté, en juillet 2004, une résolution exigeant d’Israël qu'il suive le droit international.

Plutôt qu'une analyse complexe des enjeux et effets de cette clôture de séparation (à but sécuritaire ou politique?) – ce que je ne saurais pas faire puisque tout ceci me dépasse tout à fait -, je vous propose de partager des photos que j'ai prises à Bethlehem, et qui disent quelque chose de la réalité vécue par les gens qui y habitent. Évidemment, ce ne sont que quelques clichés amateurs, pris, qui plus est, dans un périmètre restreint: Ils sont donc partiels et il ne faut donc pas leur donner plus de valeur que celle d'un témoignage.







Cette photo est dédicacée à Karine G.



Icone de "Notre-Dame qui fait tomber les murs" écrite sur le mur à l'endroit où il entoure le monastère de l'Emmanuel 

Cédric de La Serre

vendredi 24 juillet 2015

La Terre Promise est-elle une arnaque ?

Par ce titre un peu provocateur, je voudrais partager une expérience que toute personne pérégrinante en Terre Sainte ne peut manquer de faire.

Les images d’Épinal, les illustrations un peu niaises des cahiers de catéchisme et la peinture sulpicienne nous font trop souvent extrapoler l'idée que l'on se fait de la Terre Promise à partir de notre regard français : On la verrait comme un ensemble de collines verdoyantes, aux hautes herbes grasses et irriguées par de rafraîchissantes rivières dans lesquelles paissent de grosses et belles vaches et de gentilles petites chèvres. D'ailleurs, le psalmiste le dit : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien ; sur des prés d'herbe fraîche Il me fait reposer. Il me conduit vers les eaux tranquilles et me fait revivre ».

Or, cette fameuse Terre Promise, ce n'est ni la Basse-Normandie, ni les riants vallons Suisses. Et c'est là qu'une visite sur le terrain permet de faire un pas en théologie : Le livre de Josué (chap.3) décrit, après les années d'errance dans le désert, l'entrée tant attendue dans la Terre Promise, cette terre donnée par Dieu à son peuple, réputée « terre fertile ruisselante le lait et le miel » (Ex 3,8). Or, ce pays, plutôt qu'un vallon suisse, ressemble à s'y méprendre à un désert. En l’occurrence, à Jéricho, le désert de Juda... Comment alors comprendre le don magnifique que devrait représenter la Terre Promise ? Comment se réjouir, après des années d'errance dans le désert, d'entrer à Jéricho ? Quelle déception, disons-le, quelle arnaque !
Le désert de Juda, à l'ouest de Jéricho, porte d'entrée de la Terre Promise.
" [Le Seigneur dit:] Je suis descendu pour délivrer mon peuple de la main des Égyptiens
et le faire monter de ce pays vers un bon et vaste pays, vers un pays ruisselant de lait et de miel"
. Ex.3,8
Et pourtant, en chrétiens, nous prenons au sérieux la Parole de Dieu, et, si nous ne pouvons pas avoir une lecture fondamentaliste de l’Écriture, nous ne pouvons pas pour autant passer au dessus de tel ou tel passage au nom du fait qu'il nous semblerait irrecevable ou incohérent avec le reste.
Il me semble, de ce fait, que la visite de la Palestine permet de toucher du doigt quelque chose de l'expérience qu'ont fait les Hébreux et dont les récits bibliques rendent compte. Cette expérience, le psaume 23 cité plus haut la résume très bien. Ce n'est rien de moins que la possibilité de clamer en vérité -  et même au milieu du désert - « je ne manque de rien, sur des prés d'herbe fraîche Il me fait reposer ; Il me conduit vers les eaux tranquilles et me fait revivre ». Et crier cela dans un désert, lui donne une force bien supérieure à nos rêves romantiques de pays d'Auge éternel ! Oui, au milieu d'un désert aride et hostile, l'expérience de l'entrée en Terre Promise nous permet d'affirmer que l'on ne manque de rien !

Cette expérience forte, et à mon sens tout à fait bouleversante, il me semble que c'est celle de la présence et de la prévenance de Dieu : en remettant notre vie dans ses mains, en Le laissant en être le maître et la conduire, alors on entre effectivement dans la Terre Promise. Evidemment, « entrer » n'est alors plus à entendre essentiellement selon une perspective géographique ou topologique, mais bien spirituelle. D'ailleurs, les découvertes archéologiques – ou plutôt l'absence de découvertes de traces de la prise de Jéricho – vont dans ce sens : ce qui est décrit dans le récit biblique n'a pas l'ambition de rendre compte d'un événement purement historique mais bien d'une expérience spirituelle. Celle-ci n'étant plus tellement inscrite ni dans le temps ni dans la géographie, devient alors accessible à tous, en tout lieu et en tout temps.

En chrétien, on peut ensuite aller plus loin: Celui qui nous conduit à travers le désert – c'est-à-dire l'aridité de notre vie peccamineuse et limitée - vers cette Terre Promise -, et qui est en même temps le lait et le miel qui y coule, l'oasis d'eau et d'ombre au milieu du désert, c'est le Christ. Lui seul est le vrai repos auquel tous nous aspirons: En faire l'expérience est le point de départ de toute vie chrétienne.

Cédric de La Serre

Entre ciel et terre...

« Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, cette gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père. » Jn. 1,14

Si, après un mois de séjour dans ce pays, je devais dresser un bilan de ce que j’ai appris, je ne saurais par où commencer. Certains textes bibliques m’ont semblé s’éclaircir par les paysages traversés comme le verset qui nous parle du désert qui fleurit : « Que le désert et la terre aride se réjouissent! Que la steppe soit dans l'allégresse et fleurisse comme le narcisse; qu'elle fleurisse et s'épanouisse ; qu'elle tressaille d'allégresse et pousse des cris de joie ! » (Es. 35,1-2a)  Le désert de Judée peut en effet être submergé par les eaux car il est en contrebas de Jérusalem et, en automne, l’eau de la pluie s’écoule sur ses flancs.

D’autres passages ont gardé leur hermétisme, du fait des controverses d’ordre politique qui agitent l’archéologie dans ce pays. Comment savoir si l’empire de Salomon avait bien les frontières que le texte lui donne, si une déclaration dans un sens ou dans l’autre a des conséquences politiques majeures dans un pays où le passé semble toujours être conjugué au présent?

Il me semblait, avant de venir, que j’allais confronter le texte biblique à la réalité du terrain. Je me rends compte maintenant combien cette entreprise est illusoire et combien la réalité du terrain dépend des mots que nous y posons, de nos perceptions, de notre regard…

Il n’y a pas la Bible d’une part et la réalité d’une autre, il y a un entrelacs de relations qui s’entremêlent au point que les deux, réalité et Bible, apparaissent inextricables.

Dans ce pays, deux livres s’offrent à nous : le livre en terre, forme par les paysages devant nous, un livre fait de vestiges, de traces, d’éphémère et de pierres, et le livre fait de mots, de rêves, de confiance et de doutes que constitue la Bible.

Ces deux livres ne sont peut-être que deux versants d’une même soif, la soif d’entrer en relation avec ce qui nous dépasse, avec ce qui nous fonde, avec ce qui nous aide à vivre aujourd’hui alors même que la source remonte à plusieurs milliers d’années.

Une source qui, jamais tarie, se retrouve à la fois dans la matière et dans les mots, dans nos prières et dans la terre habitée, dans l’épaisseur de la réalité et dans la légèreté du saut de la foi.

La Parole de Dieu est venue habiter parmi nous, et comme le rappelle le pape François dans son encyclique sur l’écologie : «Même les fleurs des champs et les oiseaux qu’émerveillé Jésus a contemplés de ses yeux humains sont maintenant remplis de sa présence lumineuse »[1].

Helena Vicario



[1] Pape François “Loué sois-tu” Paris, Editions de l’Emmanuel, 2015 p. 53.

jeudi 23 juillet 2015

"Qui sont mes frères ?"


           Hasard ou Providence ? La liturgie de la messe nous proposait avant-hier et nous propose à nouveau aujourd'hui deux versions d'un même événement : la mère et les frères de Jésus le cherchent et il répond : "Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ?" (Mt 12,46-50 et Mc 3,31-35), comme si Dieu voulait renforcer ce que nous venons de vivre.
Nous revenons de deux jours en Cisjordanie, territoire palestinien (où des musulmans en très grande majorité vivent en paix avec une faible minorité chrétienne) sous contrôle israélien pour la plupart. Des visites avec quelques liens bibliques mais surtout de nombreuses rencontres avec des Palestiniens : prêtres gréco-orthodoxe, arabe épiscopalien, melkite, un guide palestinien chrétien, une jeune comptable d'une société de commerce équitable (http://www.canaanfairtrade.com/) et tant de visages croisés.
Première surprise pour moi : nous avons passé la majeure parte de la journée d'hier et la nuit à Naplouse. J'ai été surpris par mon sentiment de sécurité (plus fort qu'ailleurs) dans les rues de cette ville sous autorité palestinienne et où nous pouvons lire à l'entrée un panneau mis par les Israéliens indiquant : "L'entrée pour les citoyens israéliens est interdite, dangereuse pour vos vies et est contraire à la loi israélienne".
Deuxième surprise : Helena et moi sommes allés découvrir la ville hier en fin d'après-midi pour en prendre le pouls. Nous avions à peine fait vingt mètres qu'une personne nous sourit et nous dit en anglais : "Bonjour, bienvenue en Palestine". Ce n'était que le premier d'une série de quinze ou vingt personnes ! Chrétien (minorité très faible) ou musulman ? Peu importe mais le sentiment d'être attendu et d'être accueilli, contrairement à beaucoup d'autres (toutes ?) villes où nous sommes passés et nous ressemblions plus à un billet de banque ambulant qu'à autre chose.
Rencontre de ce matin : Le prêtre melkite à Zababdeh nous indiquait qu'aujourd'hui, par notre visite, il avait l'impression de ne plus être le frère oublié mais le frère bien-aimé. Qui sont mes frères ? Les Juifs sont pourtant nos aînés dans la foi, les plus proches avec qui nous partageons l'Ancien Testament, et pourtant je me sens si éloigné d'eux… La richesse du Christianisme est que, par amour, Jésus a fait de chacun d'entre nous ses frères. Nous sommes donc tous des frères et pas seulement avec les plus proches mais aussi avec nos frères au loin (géographiquement et de foi). Ce prêtre ajoutait ce matin que nous devions salir nos mains à construire ces ponts par-dessus les murs pour montrer que l'amitié et l'amour étaient plus forts que la haine et la séparation.
Dans les Evangiles, la réponse de Jésus est que tous ceux qui font la volonté du Père qui est dans les Cieux est un frère, une sœur, une mère. C'est-à-dire tous ceux dont la charité en paroles et en actes permet de rapprocher ceux qu'ils rencontrent de Dieu : un sourire, une parole d'accueil pendant ces deux jours m'ont rappelé la bonté et l'Amour inconditionnel de Dieu pour chacun. Dans ce séjour, je suis donc surpris de voir ceux qui, en Terre Sainte, sont pour moi "mon frère, ma sœur, ma mère"…
                                                                                                                                   Nicolas
Au premier plan, église melkite de Zababdeh et, juste derrière, le minaret d'une mosquée.
                                                                                                                     

dimanche 12 juillet 2015

"Le disciple n'est pas au-dessus de son maître..." (Mt 10,24)



            Pour ce soir, je viens partager mes dernières expériences qui peuvent se résumer avec cette parole de Jésus lui-même, lorsqu'il annonce les persécutions auxquelles les disciples et l'Eglise auront à faire face : "Le disciple n'est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. Au disciple, il suffit d'être comme son maître et au serviteur d'être comme son seigneur." (Mt 10,24-25a). Pas de panique, je n'ai pas été lynché sur la place publique mais, sur cette Terre Sainte, le Seigneur m'a permis de vivre à une moindre mesure ce que lui-même a pu vivre. 
Entrée de l'église de la Nativité
         Je vais surtout parler de mon après-midi à Béthléem… Voulant prendre du temps pour prier dans l'église de la Nativité, près du lieu où la naissance de Jésus a été fixée, je me rends à pied dans cette ville où de nombreux musulmans sortaient des mosquées et essayaient de passer le checkpoint. De nombreux policiers étaient présents. J'arrive à l'église de Nativité qui était quasi vide, ce qui était assez surprenant. Toutes les conditions étaient favorables pour que je puisse prendre du temps pour prier. Je demande au moine orthodoxe présent si je pouvais rester un temps, ce à quoi il m'a répondu : "non", sans rien d'autre. "[Marie] accoucha de son premier-né, l'emmaillota et le déposa dans une mangeoire parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle d'hôtes" (Lc 2,7). Aujourd'hui, même si le lieu est vide, ce sont les pèlerins qui sont invités à passer rapidement et à trouver d'autres lieux pour prendre le temps de prier. Le Seigneur est bon car j'ai pu trouver une petite chapelle tout à fait calme…
              En guise de transition, une image de Jésus nouveau-né, Marie et Joseph ne pouvant aller se faire recenser à Jérusalem, bloqué par le mur de division entre Bethléem et Jérusalem.


            De retour, je voulais passer le checkpoint comme les Palestiniens le font chaque jour. Qu'est-ce qu'un checkpoint ? Bethléem est une ville peuplée par des palestiniens, en majorité musulmans. Pour rejoindre Jérusalem, territoire israélien, ils doivent passer par des points de contrôles à la fois pour voir s'ils ont les permissions nécessaires pour passer le mur (double contrôle) et contrôler le contenu de leurs sacs, tout cela pour des raisons de sécurité. Nous étions une soixantaine à passer le checkpoint 300 tassés pour essayer de passer le premier portique où une jeune soldate (18 ans) prenait le temps pour contrôler les documents. Les esprits s'échauffaient : des enfants pleuraient, des femmes criaient, des hommes étaient à deux doigts de se battre. Pour essayer de calmer les esprits, la jeune femme bloquait le portique dès que des cris se faisaient entendre, c'est-à-dire toutes les trente secondes. Je retiendrai le regard de ces hommes, ces femmes, ces enfants, à la fois agacé et résolu de passer ce checkpoint, à la fois surpris de voir un étranger passer avec eux (par curiosité… ont-ils pu penser…) et bienveillant. Je me suis en effet retrouvé rapidement devant tout le monde, me laissant passer petit à petit très discrètement. Le nombre de personnes refoulées était important et le deuxième contrôle voyait à nouveau des personnes refusées de passer. "En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits, qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait." (Mt 25,40)

Lorsqu'on est en séjour ou en pèlerinage en Terre Sainte, on cherche à voir les lieux où Jésus est passé pour appréhender d'une manière différente notre lecture des évangiles et de la Bible en général. Pouvoir vivre un peu ce que lui a vécu (naissance et rejet par ses frères) est une expérience inattendue mais riche. Merci Seigneur pour tout ce que tu nous permets de vivre et qui renforce notre foi, notre sens du prochain et de l'amour de tous.
Pour terminer, voici une photo de Notre-Dame qui fait tomber les murs, icône peinte sur le mur entre Bethléem et Jérusalem, non loin du checkpoint 300, en face du monastère de l'Emmanuel. Sur cette icône, Marie pleure de voir ses enfants se diviser. Vierge Marie, viens abattre les murs de nos cœurs pour bâtir ensemble la paix et l'unité.
                                                                        
          Je termine avec cette petite phrase de Mgr Lustiger, dans le jardin qui lui est dédié au monastère d'Abu-Gosh où nous étions ce matin. La Terre Sainte compte sur nos prières. 





                                                                                                                                Nicolas

mercredi 8 juillet 2015

La pierre roulée


« Lorsque le sabbat fut passé, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour venir l'embaumer. Le premier jour de la semaine, elles viennent au tombeau de bon matin, au lever du soleil. Elles disaient entre elles : Qui roulera pour nous la pierre de l'entrée du tombeau ? Levant les yeux, elles voient que la pierre, qui était très grande a été roulée. En entrant dans le tombeau, elles virent un jeune homme assis à droite, vêtu d'une robe blanche ; elles furent effrayées. » Marc 16,1-5




Nous avons visité le Saint Sépulcre a deux reprises depuis notre arrivée, une fois entre français et une fois avec une guide et le groupe de Tantur. J'ai trouvé intéressant de le faire deux fois car cela a permis d'être plus concentré sur ce qui était dit mais aussi de noter des petits détails que je n'avais pas remarqué la première fois. Pour expliquer brièvement ; en rentrant dans l'église on fait face à une pierre où Jésus a été déposé avant d'être mis au tombeau une fois descendu de la croix. Cette pierre est considéré comme Sainte et des gens s'y agenouillent, pose une main, le front ou encore des objets pour les charger de la sainteté de Dieu. Au dessus de cette pierre se trouve une lanterne pour chaque communauté chrétienne qui prend part dans ce lieu. Sur la droite se trouve un escalier qui monte au mont Golgotha où Jésus a été crucifié. Il y a le tombeau de Jésus sur la partie gauche ; l'entrée est ornée de décoration, d'icônes et autres bijoux. Sur le côté de l'entrée du tombeau, une bougie avec la flemme pascale qui est envoyée par Dieu lui même dans cette église et qui ne s’éteint jamais (si j'ai bien compris). Le tombeau est aujourd'hui soutenue par des poulies en fer car il s'abîme avec le temps mais on ne peut pas le réparer ou changer les pierres qui s'affaissent car le lieux est considéré comme saint. Le tombeau de Jésus ne ressemble plus à rien de ce qu'il a du être et il est difficile d'imaginer ce que ça a pu être. Je déplore un peu cette frénésie de vouloir mettre une église ou enrober de dorure et de transformer entièrement le lieu qui n'a alors plus aucun rapport avec l'original. Comme si la simplicité et l'authenticité ne pouvait exister qu'au travers d'une transformation complète.

Derrière ce fameux tombeau, on peut accéder à une autre chapelle vide à l'exception d'un autel au milieu qui est transformé chaque dimanche pour célébrer la messe orthodoxe d'une communauté voisine n'étant pas dans l'église déjà. Sur le côté la guide nous a expliqué qu'il y a une grotte semblable à celle où Jésus fut déposé après qu'on l'ai descendu de la croix. C'est ce qui m'a le plus marqué. L'entrée est exiguë avec une première partie qui fait office de couloir puis au fond un autre endroit avec une sorte de pierre où le corps du défunt était posé. Tout est bien évidemment taillé dans la pierre et cela ressemble pour le coup à un vrai tombeau ! En réalité, il ne manque plus que la pierre roulé sur le côté pour penser qu'il s'agit du tombeau de Jésus.
Que cette pierre devant le tombeau a dû être lourde et dure à rouler ! Voilà ma pensée alors... Je comprends le questionnement des femmes se rendant au tombeau. Comment est ce possible de rouler cette pierre afin d'accéder à l'intérieur ? Il fallait bien que Dieu soit Dieu pour que ce soit possible pour que cette pierre soit déjà roulé à leur arrivées dans la version de Marc de Luc et de Jean, où que la terre se mette à trembler pour ouvrir le tombeau dans Matthieu... Oui devant ce tombeau vide qui n'était même pas celui de Jésus, j'ai pu ressentir le sentiment de ces femmes d'alors. J'ai senti à quel point j'étais toute petite face à l'immensité de Dieu. Je me suis sentie toute petite et Dieu si grand et si puissant qu'il m'était presque difficile de rester dans cette chapelle. Il a roulé la pierre pour montrer à tous ce que Pilate craignait... que Jésus était vraiment le fils de Dieu. Peut-être avais je aussi besoin de cette pierre manquante devant ce tombeau vide pour réaliser toute l'importance de ce qu'être ici faisait résonner en moi.
Karine.

Un peu d'étymologie

 Eglise de la nativité - Bethléem

Saviez vous qu'en hébreu le mot étable veut aussi dire cave? A l'époque pour éviter le froid et que l'on se fasse piller ses bêtes, on les faisaient descendre dans des sortes de grottes. Le gardien plaçait le bétail au fond; lui et sa famille vivaient devant pour récupérer la chaleur et protéger les bêtes.
Quand on parle de l'étable de Bethléem, il s'agit donc plus certainement d'une grotte que d'une bâtisse en bois comme on l'imagine aujourd'hui en occident. Intéressant non?

Karine.

mardi 7 juillet 2015

Au pied du mur... une histoire d'échelle...


Une petite photo comique ou pas… pour montrer la complexité des relations entre les diverses religions chrétiennes dans les lieux saints (Bethléem, le Saint Sépulcre à Jérusalem). Voici une échelle au-dessus de l'entrée de l'église du Saint Sépulcre.

Rien de très extraordinaire allez-vous me dire, si ce n'est qu'elle est là depuis au moins 1757, les différentes confessions en charge du lieu n'arrivant pas à se mettre d'accord sur qui doit l'enlever… Cette échelle est apparemment en cèdre du Liban, ce qui peut expliquer sa longévité… J'y vois un clin d'œil du Seigneur pour nous rappeler que les divisions sont bel et bien là et qu'elles prennent une dimension démesurée, si ce n'est ridicule, dans un lieu où nous pourrions rendre gloire à Dieu d'une seule voix, d'avoir détruit la mort et de nous avoir introduit dans la Vie éternelle !
                                                                                              Nicolas

PS : Je ne peux m'empêcher de vous faire part du chant que je suis en train d'écouter : https://www.youtube.com/watch?v=jXxoHpATtwI .

Jusqu'aux extrémités de la Terre...



Un séjour en Terre Sainte, même si nous ne nous en rendons pas compte immédiatement, renouvelle profondément notre lecture de la Bible. La Parole que nous entendons retentit alors dans des lieux, des espaces qui ne dépendent plus de notre imagination mais cette Parole résonne de manière différente dans un lieu concret et dans notre chair. Je vais essayer de donner un exemple.
Hier, nous étions sur le Mont des Oliviers. Au sommet, se situe la chapelle de l'Ascension (Ac 1), où se situe maintenant une mosquée mais où la chapelle reste accessible moyennant quelques shekels. Rien de très exceptionnel dans cette chapelle si ce n'est le calme, calme régnant sur tout le Mont des Oliviers, ce qui peut expliquer pourquoi Jésus aimait y venir, loin du tumulte de Jérusalem. Ce qui m'a frappé est qu'elle se situe au sommet du Mont et que, faisant abstraction des bâtiments existant aujourd'hui, on voit véritablement tous les alentours. Les apôtres ont vu les territoires où Jésus leur demandait d'être témoin : "à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre" (Ac 1,8). Quel vertige ! 


Juste à côté se trouve l'église du Pater noster, où nous pouvons lire dans de très nombreuses langues cette magnifique prière que Jésus nous a laissée, signe que l'œuvre des apôtres et de nos églises a atteint les extrémités de la terre et qu'elle est bel et bien une œuvre de Dieu (Ac 5,34-39) :
"Un homme se leva dans le Sanhédrin: c’était un Pharisien du nom de Gamaliel, un docteur de la Loi estimé de tout le peuple. Il ordonna de faire sortir un instant les prévenus, puis il déclara: "Israélites, prenez bien garde à ce que vous allez faire dans le cas de ces gens. Ces derniers temps, on a vu surgir Theudas: il prétendait être quelqu’un et avait rallié environ quatre cents hommes; lui-même a été tué, tous ceux qui l’avaient suivi se sont débandés, et il n’en est rien resté. On a vu surgir ensuite Judas le Galiléen, à l’époque du recensement: il avait soulevé du monde à sa suite; lui aussi a péri, et tous ceux qui l’avaient suivi se sont dispersés. Alors, je vous le dis, ne vous occupez donc plus de ces gens et laissez-les aller! Si c’est des hommes en effet que vient leur résolution ou leur entreprise, elle disparaîtra d’elle-même ; si c’est de Dieu, vous ne pourrez pas les faire disparaître. N’allez pas risquer de vous trouver en guerre avec Dieu!"

Cette expérience m'a profondément marqué. Et moi, suis-je témoin des merveilles que le Christ fait dans ma vie aux périphéries (cf. le pape François) ? Oh, sans aller bien loin, dans ma familles ? Mes amis proches qui ne croient pas ? Le Christ a promis l'Esprit Saint à ses apôtres, je l'ai reçu en abondance… Est-ce que je me laisse guider suffisamment par lui ou plutôt est-ce que je sais être à son écoute ou est-ce que je n'entend que ce qui m'arrange et qui me rassure ?
                                                                                              Nicolas