mercredi 8 juillet 2015

Balagan ou œcuménisme oriental ?


Le Seigneur est grand ! Les circonstances ont fait que j'ai pu rencontrer ce matin un moine franciscain qui habite la Terre Sainte depuis 23 ans et qui a des responsabilités au sein du Saint Sépulcre, ce qui m'a permis de préciser et d'inculturer mes pensées d'hier qui m'ont paru dures après coup (Au pied du mur… une histoire d'échelle du 7 juillet).

Le Saint Sépulcre n'est pas un lieu de balagan (bazar, chaos en hébreu) mais un véritable lieu où l'œcuménisme est vécu depuis plus de 450 ans. Je m'explique… En tant que Chrétien occidental, je vois avec mes yeux d'occidental pour qui, tout doit être organisé, régulé et pourtant, dans un contexte oriental, la répartition des tâches et des lieux au Saint Sépulcre ainsi que les différents offices ayant lieu en même temps ne sont pas un statu quo ou un pis aller mais permettent véritablement d'avoir un lieu où des chrétiens de traditions très diverses prient en permanence. Ceci n'est pas une relecture ou une tentative de justification mais cela a bel et bien été voulu même si cela donne, pour mes yeux d'Occidental, l'impression d'un bazar monumental.
Il semble, en effet, que, le dimanche matin, les messes se chevauchent et qu'il y a un concours de qui va déranger le plus l'autre. Eh bien, non ! Tout est minutieusement organisé pour éviter de gêner les autres et pour permettre à tous les pèlerins de prier dans leurs propres langues et traditions. Telle messe commence lorsque telle autre est presque finie avec un parfait accord entre les deux, non pas dans un sens de moindre mal mais véritablement dans une volonté d'avoir une prière continue. Les cloches de telle messe catholique sonnent lorsque telle autre tradition commence à chanter le magnificat. Les franciscains ont décalé certains offices de nuit pour pouvoir prier simultanément avec nos frères coptes, chacun dans sa propre manière de faire mais pour louer le Seigneur simultanément. J'ai pu vérifier cela par moi-même cet après-midi au moment des vêpres à 14h : deux moines de traditions différentes (copte et syriaque) viennent encenser le Saint Sépulcre simultanément mais chacun leur tour, dans un ballet nous faisant entrer dans le mystère de la Résurrection et d'une unité dans la diversité et non dans l'uniformité. Certes, ils prient chacun dans leur propre tradition mais vénèrent de la même façon le Saint Sépulcre simultanément. Et si l'œcuménisme était aimer l'autre dans ses vérités non pas avec ou malgré ses différences mais arriver à articuler nos différentes traditions pour, chacun à notre manière, adorer Dieu et mettre le Christ au centre de tout. Ce qui facilité cela au Saint Sépulcre est que les différentes traditions ont une même foi et les mêmes sacrements ainsi que le fait d'être dans une culture orientale. Les Apôtres avaient d'ailleurs chacun leurs propres manières de faire et n'étaient pas uniformes malgré leurs années communes passées auprès du Christ.

           
La semaine de prière pour l'unité des Chrétiens est un excellent effort mais il me semble que trop souvent, nous nous contentons de cela et pourtant, ce n'est qu'un minimum. Et si nous essayions d'être plus ambitieux?
                                                                                                                      Nicolas

1 commentaire:

  1. J'ai bien compris tes états d'âme concernant l'échelle Nicolas. Pendant le temps de carême il y a une autre échelle dans la partie orthodoxe du saint sépulcre qui est là seulement parce que l'autre confession a ce droit depuis très longtemps - cela m'a outré plus qu'un peu. Cela m'a fait alors plaisir de lire cet article qui va plus dans la profondeur du partage spirituel du lieu, et de la prière incessante. Merci, ta façon de revenir sur tes propres pas m'a rappelé que j'ai aussi besoin de faire cela, et de ne pas rester avec mes jugements primaires.

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