vendredi 3 juillet 2015

Premier tour de table

Hier soir, au terme de notre première journée d'étude et de découverte de Jérusalem, notre groupe a entrepris un tour de table pour permettre à chacun de ses membres se présenter et de dire quelque chose de son parcours de foi ou des raisons qui l'ont conduit jusqu'en Terre Sainte cet été. Ce tour de table m'a touché et interpellé sur trois points que je voudrais partager:

- D'abord, la majorité des membres du groupe est américaine, et, mis à part le fameux quartet français envoyé par l'association pour l'unité des chrétiens, tous sont anglophones. Mais les états de vie sont très divers : laïcs, prêtres/prêtresse, religieuse, célibataires, mariés, jeunes et vieux... De même, les confessions sont diverses : Je note une petite moitié de catholiques et un grand mélange de protestants, dont je n'ai pas toujours encore bien saisi les spécificités. Dans ce petit monde, il m'est émouvant de voir la liberté que se donne le Seigneur dans les façons qu'il a d'interpeller les personnes, de les toucher, de les conduire : Notre groupe d'une douzaine de membres est vraiment riche d'une grande diversité, et, au vu de ce que l'on a échangé hier, il ne m'est pas possible de dire que l'esprit souffle plus ou moins fort ici ou là.

- Le second point qui m'a interpellé est que notre manière d'exprimer notre relation au Christ est vraiment différente. Tous, nous sommes des chrétiens convaincus et des cadres ou futurs cadres d'églises. Et pourtant, notre façon de parler de notre relation au Christ est chaque fois nouvelle et unique : en donnant les grandes lignes de leur parcours de foi, certains commencent par mentionner leur rencontre avec Jésus, dont ils parlent comme d'une relation amoureuse. D'autres, au contraire, ne prononcent même pas le nom de Jésus-Christ, sans que l'on puisse pour autant les soupçonner de ne pas avoir de relation avec Lui. Probablement l'intimité de la question ne met elle pas tout le monde à l'aise, et il est normal de rester pudique en ne forçant pas la main. Mais en parlant de cela avec l'un ou l'autre, j'ai aussi pris conscience que toutes les confessions n'accordent pas la même centralité à l'annonce de Jésus-Christ et de son importance dans la vie de chacun. Pour reprendre une catégorisation que l'on aime bien chez les catholiques, il y a ceux qui sont franchement plus levure dans la pâte et ceux qui sont carrément lumière sur le boisseau.
- Enfin, une question, disons-même un petit malaise m'est apparu durant ce tour de table : certains racontaient, avec beaucoup de facilité, le changement de confession qu'ils avaient vécu durant leur vie. Pas tellement en raison d'une sorte de conversion qui leur aurait donné de comprendre que la confession d'à côté aurait été plus fidèle ou plus proche du Christ, mais pour des raisons de convenance personnelle, d’intérêt propre. S'il semble que l'approche protestante de la ''structure-Église'' soit très libre et souple (la multiplication des Églises en étant un signe), pour un catholique, c'est vraiment source de malaise : d'une part parce qu'il voit dans l’Église et sa structure – même éventuellement parfois pesante – quelque chose de l'héritage du Christ auquel il faut être fidèle si l'on veut Lui être fidèle, mais aussi parce que cela pose question sur la foi : à quoi croit-on vraiment quand on peut papillonner d'un groupe à l'autre uniquement parce que notre supérieur ne nous plaît pas ? Si je pourrais comprendre ce comportement de la part d'un paroissien à la foi peu enracinée et cherchant avant tout dans la pratique religieuse que « cela fasse du bien » et qu'il éprouve des sentiments positifs, de la part d'un cadre d'église, cela me laisse très dubitatif : ces sentiments superficiels et subjectifs devraient selon moi laisser la place - ou au moins être ordonnés - à la volonté de se donner au Christ, de le suivre et de chercher à faire sa volonté.

Voilà trois réflexions qui sont nées hier soir de la prise de connaissance des uns et des autres. Manifestement, ce séjour s'annonce très riche pour peu que l'on accepte de se laisser déplacer, ce qui n'est jamais confortable mais permet généralement d'en sortir grandi.

Cédric de La Serre

Epouser une tradition sans en épouser les querelles...



Ainsi donc, recherchons ce qui contribue à la paix et à l'édification mutuelle. Ro 14,19

Un des fondements de l’œcuménisme est, à mon sens, de reconnaître à celui, à celle qui se tient devant moi son identité de disciple de Christ à part entière. Celui, celle qui n’appartient pas à ma confession a autant de choses à me dire sur ma relation à Christ qu’une personne de ma même confession.

Peut-être serait-il bon dans ce sens d’élargir le concept d’édification mutuelle à l’ensemble des dénominations chrétiennes. Dans cette perspective, pour une protestante comme moi, cela signifierait se mettre à l’écoute de Dieu dans d’autres expressions de foi, s’émerveiller par exemple - et ce n’est qu’un exemple parmi une multitude d’autres - de la beauté liturgique orthodoxe, de la passion de l’unité catholique ou du zèle évangélique.

Se laisser rejoindre là où d’autres traditions ont mis l’accent, apporter chacun sa petite pierre a l’édifice de la glorification de Dieu et s’arrêter un instant pour entendre les pierres chanter d’une seule voix.

Il ne s’agit pas à mon avis dans l’œcuménisme de gommer les différences en cherchant un accord par le bas, en réduisant la richesse inextinguible de chaque confession. Il s’agirait plutôt de rester à l’écoute de tout ce que nos frères et nos sœurs ont à nous dire sur cette parcelle du Christ qui s’est éveillée en eux après L’avoir rencontré.  

Nous avançons tous à tâtons, qui pourrait dire – malgré une tradition deux fois millénaire - qu’il comprend tout de Celui qui reste pour chacun et chacune d’entre nous l’Insaisissable? Mais si, au milieu de ce chemin obscur où nous faisons route vers la lumière du Christ, nous pouvons trouver des mains ouvertes et amies, pourquoi nous en priver ?

Helena Vicario

jeudi 2 juillet 2015

J'ai presque eu rendez vous avec un scorpion




Je suis Karine, étudiante en master 1 de théologie à l'Institut Protestant de Théologie de Paris. J'écris enfin mon premier article après notre première journée passée ici et qui fut riche en langue étrangère, en visite, en aventure et en rencontre! Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas sûre de réaliser que je suis bien en Israël... Bien sûre il y a les drapeaux un peu partout pour le rappeler, les devantures et autres panneaux écrit en hébreux, l'architecture et j'en passe mais c'est comme si la connexion dans ma tête ne se faisait.


Déjà au départ à l'aéroport Charles de Gaulle je me suis dis que je réaliserais dans l'avion, puis durant la longue attente dans l'aéroport blindé de Rome Fumiciano (dont une partie a brulé récemment, pourquoi tous les vols s'entassent au même endroit) toujours pas! Je me suis dis durant le check-point... Ce fameux check-point dont tout le monde m'avait parlé et auquel j'ai essayé de me préparer un bon nombre de fois. 
Je n'ai pas connu la même expérience que Cédric et mon entrée en Israël a plutôt été simple. Le Seigneur est bon et sait où sont nos limites. C'est ce que je découvre depuis quelques temps grâce au passage dans Matthieu au chapitre 7 verset 7-11; lorsque Jésus dit: "Demandez, et vous recevrez; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira.
Car celui qui demande reçoit; celui qui cherche trouve, et l'on ouvre à celui qui frappe.

Qui de vous donnera un caillou à son fils quand celui-ci lui demande du pain?

10 Ou bien, s'il lui demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent?

11 Si donc, tout mauvais que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père céleste donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent.

 De chaque côté de ma file se trouvait un prêtre catholique et un protestant high church. Plus la file avançait, plus le temps filait plus je les voyaient de part et d'autre prier, l'un les yeux au ciel, l'autre un chapelet à la main. Ma demande a été simple et rapide: "Seigneur que ce soit simple, que ta volonté se fasse!" Arrivée devant la douanière je me suis armée de mon plus beau sourire et lui ai tendu mon passeport. Dans mon coeur je me disais: "Seigneur a toi de jouer". Après m'avoir demandé pourquoi je venais, alors qu'elle ne semblait pas me comprendre, je lui ai tendu la lettre de Tantur... mauvais signe, elle a téléphoné et n'avait pas l'air contente... Pourtant, elle m'a tendu mon passeport avec mon visa en baragouinant quelque chose que je n'ai pas compris, je n'ai pas demandé mon reste, j'ai filé sans plus tarder. Après quelques mésaventures parce que je ne retrouvais plus ma valise (qui avait eu le temps de se balader sur le tapis), avoir couru derrière elle pour ne pas faire tout le tour et l'aide d'un américain qui a sauté pour l'attrapé j'ai rejoint le Nesher (taxi collectif) qui m'a expliqué une fois seule avec lui qu'il connaissait Tantur parce qu'il y avait emmené quelqu'un la veille. Une fois de plus ma demande de rendre cette dernière étape très simple s'est accompli et j'ai posé mes valises à Tantur la joie dans le coeur de voir la bonté de mon Père pour moi. 

Mais voilà... Je ne réalise toujours pas!

Après m'être réveillée à 4h du matin juste avant le chant du muezzin pour l'appel à la prière de ramadan, je me suis finalement réveillée à nouveau et levée en retard à 7h20 pour prendre le petit dej à 7h30. Retrouvaille des uns, rencontre des autres, je ne pense plus à Israël, je suis juste heureuse de discuter et manger un bon petit déjeuner. Je retrouve aussi ce même sentiment que lors de mon premier déjeuner en Corée du Sud lors de mon échange universitaire en 2013. Un peu de peur mélangé à beaucoup d'excitation. Mais toujours rien du côté de la réalisation...

Viens le temps d'accueil, et à ce moment là... le drame survint! Issa, Jill et Jeff nous explique certaines règles (cela vaudra un article à part) et ils nous annoncent de bien fermer la moustiquaire, pour éviter les moustiques (certes) mais surtout les scorpions et les serpents... Et là, j'ai envie de dire WHAT??? Vous tous qui avez été en Israël ne m'aviez jamais mentionné ce petit détail qui implique des bestioles rampantes répugnantes! Et là je réalise enfin!

Oui mais pas ce que je pensais de prime abord! J'ai réalisé que la fenêtre de ma chambre était restée ouverte tout ce temps et que la moustiquaire n'était pas tirée! Horreur Oh désespoir! Le temps pour arriver à la pause m'a paru interminable mais nous y sommes finalement arrivé et j'ai couru avec Helena vérifier qu'aucune petite bestiole ne s'était introduit clandestinement (surtout que Nicolas a eu la chance d'avoir un meeting point avec l'un d'entre eux dans la salle de bain). 


A midi, je n'avais toujours pas réalisée que j'étais bel et bien en Israël, que j'y suis pour un mois, que je suis sur les traces de Jésus... Mais au delà de ça, je suis dans la joie pour tant de raisons. Je suis reconnaissante Seigneur pour le voyage qui s'est bien passé pour chacun de nous, pour les rencontres, pour ce lieu, pour les échanges déjà eu et à venir et tout simplement parce que tu nous déplaces sans cesse, pas seulement sur un plan physique mais également sur un plan psychologique, théologique et spirituel. Je ne réalise pas encore mais ce que je vois déjà me bouscule, me transporte et m'interroge et tout cela en suivant tes pas, merci pour tout ça! 

Karine.

La providence de la prière

N'est-ce pas un beau clin d’œil du Seigneur que d'avoir le psaume 47 aux laudes du premier jour d'un séjour à Jérusalem?

mercredi 1 juillet 2015

Shalom

Séminariste pour le diocèse de Lyon au séminaire provincial Saint Irénée et venant de finir mes deux années de philosophie, me voilà grâce à l'association pour l'unité des Chrétiens, à Tantur, institut œcuménique d'étude de la Bible et de connaissance de la Terre Sainte.

Mon arrivée à l'aéroport de Tel Aviv fut moins laborieuse que celle de Cédric. Mais j'ai aussi été marqué par l'agressivité des questions posées par la jeune douanière, qui n'arrivait pas à comprendre qu'un jeune se préparant à devenir prêtre puisse venir sur les lieux où Dieu s'est révélé à son peuple. Une lettre de l'institut m'a permis de passer sans trop d'encombre. Froideur et même agressivité du conducteur du nesher, taxi collectif, qui m'a conduit jusqu'ici. Et pourtant, un Américain de Washington avec qui je partageais le taxi m'a dit qu'il était plutôt sympathique pour un conducteur de taxi... Finalement, me retrouvant en fin de course, j'ai pu échanger quelques mots avec le conducteur et nous nous sommes quittés sur un "shalom", paix. Que souhaiter de plus à cette terre et à ses habitants si ce n'est la paix, une paix extérieure et intérieure. Comme l'a dit Jésus, "c'est la paix que je vous laisse, c'est ma paix que je vous donne" (Jn 14,27), cette paix que nous sommes appelés à bâtir ensemble en la puisant à la Source.

Ce soir, en entendant au loin le muezzin, j'ai pu prier avec ses belles paroles : "Sh'ma Israel, adonai eloheinu adonai echad", écoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est Un. Un beau programme pour se mettre à l'écoute de la Parole de Dieu ensemble pendant trente jours.

Les aventures de l'arrivée.

Diacre du diocèse de Nanterre (j'ai été ordonné il y a 10 jours), je viens de terminer un cycle de théologie à l'université grégorienne, et au séminaire pontifical français de Rome. Avant d'entamer une licence canonique (c'est-à-dire un master) en théologie morale à l'Institut catholique de Paris, l'association pour l'unité des chrétiens me donne, ainsi qu'à trois autres 'futurs prêtres ou pasteurs', la chance de venir étudier la Bible et son environnement en Terre Sainte, dans son milieu vital. Étude de la Bible et de son histoire, rencontre des gens qui peuplent cette terre et visite des monuments qui ont fait l'histoire sainte et font aujourd'hui Israël. Voilà la fin du séjour, dont le foyer est l'institut Tantur. Ce centre œcuménique de langue anglaise fut fondé par le pape Paul VI à l'issue du concile Vatican II à la demande et avec le soutien des observateurs invités des autres confessions chrétiennes. Il a pour mission de soutenir la recherche théologique dans une perspective œcuménique et d’accueillir des étudiants et chercheurs du monde entier. Il est pour cela sous la tutelle de l'université américaine Notre-Dame.

En arrivant à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, le sentiment premier qui est venu habiter mon esprit m'a renvoyé au prologue de saint Jean et à ce qu'a vécu le Christ : « Il est venu dans son propre bien et les siens ne l'ont pas accueilli ». En effet, on ne peut qu'admettre que l'inhospitalité et la discourtoisie des services de sécurité israéliens m'ont renvoyés en esprit au rejet du Christ par les siens, dans le même pays. En guise d’accueil – d'un touriste qui vient découvrir un pays et l'admirer, et y dépenser son argent – j'ai eu droit à 2h30 d'interrogatoires à l'aéroport, menés de manière idiote et humiliante. Idiote quand on me disait qu'un catholique n'a rien à découvrir en Israël, qu'un catholique a le Vatican au même titre qu'un juif a Israël. Humiliante quand on m'imposait de poser mes mains sur le bureau (et pas dessous), d'y laisser en évidence mon téléphone éteint, et quand on m'a très sèchement demandé si je voulais rentrer directement en France quand je demandais – aimablement – pourquoi ils voulaient connaître les noms et ages de mes éventuels frères et sœurs...

Je ne sais pas bien quelle était la fin exacte recherchée par ces étranges interrogatoires (il y en a eu trois, par quatre personnes différentes, dans deux bureaux glauques), mais si le but était de m'impressionner, c'est raté ! En revanche, j'en suis sorti avec le sentiment que se manifestait par cette attitude un état d'esprit signe que les autorités de ce pays ne cherchent pas la paix mais la domination : un enfant sait que la paix n'est pas compatible avec trop de mépris et d'humiliation de l'une des parties.

Ce sentiment s'est ensuite tout à fait confirmé ce matin, en allant à Bethléem, qui n'est qu'à deux cent mètres de l'institut Tantur. Pour entrer dans cette ville, il faut passer par l'unique « check-point », point de contrôle mis en place en même temps que la construction du mur de séparation. Quelle tristesse que ce mur ! Il paraît qu'il a grandement amélioré la sécurité des Israéliens, ce qu'il faut savoir mettre à son actif. Mais à quel prix !?... Les habitants de Bethléem – des arabes – vivent maintenant dans une vaste prison avec une seule sortie, entourés de hauts murs de béton, de miradors, de barbelés, de grilles, de caméras et d'hommes armés. On ne peut s’empêcher de visualiser tel ou tel documentaire historique sur des heures bien sombres du siècle dernier. Les habitants de Bethléem sont obligés, pour sortir de leur ville, de passer par cet unique point de contrôle dans lequel il font chaque fois la queue entre 20 minutes et plusieurs heures (selon les hommes que j'ai interrogés), uniquement en fonction du bon vouloir des autorités israéliennes qui gèrent la chose. Ils subissent ainsi une humiliation quotidienne et des désagréments non négligeables. Les personnes avec qui j'ai fait la queue ce matin semblent vivre cela avec philosophie et résignation. Mais de toute évidence l'humiliation qu'ils subissent est scandaleuse et ne peut être que source de ressentiment. Ceci dit, ce matin ils semblaient plutôt joyeux, et en tout cas patients et attentifs aux enfants et aux femmes qui piétinaient avec eux dans un hangar de taule éclairé avec des néons blafards, entourés de grillages et de barbelés, et attendant qu'une voix criarde leur commande par haut-parleur de s'avancer dans le tourniquet métallique. Cette deuxième expérience n'a ainsi fait que renforcer mon intuition première – dont je ne suis pas fier et que j'espère se dissipera au fur et à mesure du voyage – que les autorités israéliennes cherchent à humilier pour s'imposer.

Ce sentiment pénible n'est heureusement pas le seul qui m'habite. La traversée de Jérusalem, de nuit, hier soir, l'arrivée à Tantur, les paysages, la paix du jardin de cette colline un peu en dehors de la rumeur de la ville font toucher du doigt quelque chose de l'idée de la Terre Promise ruisselant de miel et de lait. Quand l'homme dompte paisiblement la création et la jardine, il reconstitue quelque chose du jardin des origines. Et le jardin de Tantur donne d'en goûter un fruit.
Et cela, en même temps que les premières rencontres et le survol du programme des études laisse présager un séjour aussi merveilleux que passionnant.

Cédric de La Serre


Arrivée à Tantur





« Toutes les extrémités de la terre penseront à l'Eternel et se tourneront vers lui; Toutes les familles des nations se prosterneront devant ta face ». Ps. 22,27

Je suis Helena Vicario, étudiante espagnole à l’Institut Protestant de Théologie de Montpellier. J’écris ces quelques premières lignes depuis Tantur, le centre d’études œcuméniques proche de Jérusalem et de Bethléem. Je suis arrivée hier pour un programme d’un mois, grâce à la bourse de l’Association pour l’unité des chrétiens. Je suis très heureuse de pouvoir découvrir in situ des lieux qui ont longtemps résonné dans mon cœur lorsque je lisais les Ecritures : Jérusalem, Galilée, Jéricho, Bethleem… 

Je vous invite à suivre sur ce blog mon parcours, nos parcours, sur les pas de Celui qui donne sens à notre vie, qui a habité et traversé ces lieux, et qui nous appelle où que nous soyons.


Avant d’arriver à Tantur, je suis restée une semaine à Jérusalem, dans une auberge de jeunesse située dans la vieille ville. J’ai pu avoir un avant-gout de la complexité de cette terre qui est une mosaïque de cultures et de religions. 

On peut penser Jérusalem d’abord comme une ville divisée en quatre quartiers : juif, musulman, chrétien et arménien. On se rend portant compte dès les premiers jours que la réalité est encore plus complexe et que chaque quartier abrite des origines, des cultures, des univers différents. Ainsi, dans le quartier juif habitent des juifs d’origine aussi variée que l’Afrique du Nord, l’Europe de l’Est, l’Amérique du Sud… Il suffit de voir la variété des restaurants dans les rues pour comprendre que toutes les parties du monde s’y sont donné rendez-vous.

Cette complexité se retrouve dans le quartier chrétien, avec les différentes dénominations ecclésiales, et dans le quartier musulman aussi, où des musulmans de tous les pays venus en pèlerinage côtoient les habitants. Des prières en différentes langues, de différentes religions s’élèvent sans cesse à Jérusalem. On peut entendre le même jour se succéder le son des cloches, l’appel du muezzin et le son signalant le début ou la fin du sabbat…

Reste, gravée dans mon cœur, l’hospitalité de cette famille musulmane qui m’a invitée au repas du soir marquant la fin du jeune quotidien pratiqué pendant le Ramadan, la générosité de cette famille juive avec qui j’ai passé le shabbat, et partout l’écho d’un désir brûlant de paix.

Pour finir un poème, écrit à la suite de l’expérience inoubliable et désolante que constitue la traversée du mur de séparation par le check point, afin de se rendre à Bethléem.


Check Point

Parfois Seigneur il n’y a que ta Croix. Les mots sont de trop ou peut-être simplement trop lourds pour soulever la peine d’un peuple courbé. Parfois Seigneur il n’y a que toi sur le chemin du Golgotha, te vidant de toi-même pour abriter le monde. Parfois Seigneur dans ce peuple qui se presse de toutes parts comme un fleuve de vie que rien ne peut tarir, il y a ta présence qui encourage le pauvre et prend part au silence de ceux qu’on veut faire taire.